Chaque dimanche, sur le parcours historique des vestiges de l'ancienne abbaye, attirés par la belle église de Théodore Ballu, sa Sainte Tunique ou les vitraux de Max Ingrand, de nombreux fidèles et promeneurs entrent à la basilique Saint-Denys d'Argenteuil. On doit au grand architecte français bien des édifices publics de la capitale, dont l'église de la Trinité, et l'Hôtel de ville reconstruit. Consacrée le 22 avril 1866, élevée à la dignité de basilique en 1898, la Basilique est une de ses très rares réalisations en banlieue. Les visiteurs, lassés du bruit de la grande ville et des fureurs de la vie actuelle, viennent s'y recueillir ou y prier, quand d'autres l'admirent ou s'y reposent simplement, parfois en musique, lorsque l'organiste s'attarde aux claviers.
Sur sa magnifique tribune en nid d'hirondelle, le grand-orgue de la Basilique, un des plus importants du diocèse avec ses quarante-trois jeux, fut construit par le facteur parisien Louis Suret, en 1867. Il eut tout de suite à souffrir des obus de la guerre de 1870, et d'un entretien, par la suite, vraiment peu scrupuleux. Une demande de classement de l'orgue, encore intact depuis sa construction, est demandée en 1971, mais n'aboutit pas, et c'est en 1973 que les Établissements Danion-Gonzalez portent un coup fatal à l'orgue d'origine. Par la suite, son état s'aggravant, une autre restauration, bien plus sérieuse, est amorcée par la manufacture alsacienne Muhleisen : En 2009, une nouvelle mécanique est construite, la tuyauterie et le buffet sont, en grande partie, restaurés. Mais, le bon état actuel de l'instrument n'a pas pour autant corrigé ses fragilités et, en particulier, ses douze jeux d'anches souffrent toujours de l'intervention de 1973, trahis par une sonorité rauque et sans caractère. Leur ré-harmonisation, plus personnelle, et d'autres travaux supplémentaires feraient de cette tribune l'une des plus intéressantes du Val-d'Oise.
C’est dans ce cadre de foi et de culture qu’est née l’idée des « Heures d’orgue de la Basilique », soutenue par l'organiste titulaire et son curé actuel, le père Érick Delamarre. Cette série de quatre récitals, ouverte à tous, curieux ou amateurs, veut rappeler les aubades des kiosques à musique d'Argenteuil, villégiature d'antan. Le climat du printemps et de l’automne protégeant davantage le public, comme le fragile grand-orgue, de l’humidité, des nuisances du chauffage ou des chocs thermiques, les concerts sont donnés un samedi à 20h30, d’abord en mai et juin, puis en septembre et octobre.
Chaque année, j’aurai le plaisir d’explorer le répertoire, à cet orgue que je joue chaque semaine depuis mars 2006. Un concert fera découvrir un organiste invité de l’étranger, et les deux autres soirées suivront une idée conductrice, propre à chaque saison.
Thierry Guffroy, Organiste titulaire des Grandes Orgues de la Basilique St Denys d'Argenteuil.